Evolution socio-économique, reproduction sociale et formation à Bruxelles - mars 2007
Dès le début de son existence, la Commission consultative s’est attachée à convaincre les différents acteurs bruxellois, de l’importance d’établir des articulations entre la formation, l’enseignement et l’emploi. L’ensemble de ses travaux vise ainsi à rendre visibles et à promouvoir les actions et politiques centrées sur ces articulations, en créant les conditions du dialogue entre tous ses partenaires. C’est dans cette démarche que, dans le cadre de ses 10 ans, la Commission publie les travaux que Christian Vandermotten a présentés. Nous soulignons tout le paradoxe dans lequel vit la Région bruxelloise, partagée entre une évolution favorable sur les plans économique et démographique, d’une part, et une persistance, voire une augmentation des inégalités sociales, d’autre part. Une très grande richesse et une très grande pauvreté s’y côtoient en effet.
Christian Vandermotten montre par exemple de manière éclairante que la Région bruxelloise connaît une croissance supérieure à la moyenne belge et équivalente à celle de la Région flamande, croissance bien plus élevée encore si l’on prend en compte la « métropole bruxelloise » (Bruxelles, Halle, Vilvorde, Nivelles). Mais les travaux de Christian Vandermotten que la CCFEE a décidé de publier permettent surtout de mieux cerner ce paradoxe par l’analyse approfondie des ségrégations sociales, sous les aspects, économiques, démographiques, de l’emploi et de la formation. Il fait apparaître au travers de ces différents aspects l’amplifi cation des écarts sociaux au sein de la Région bruxelloise, et tout particulièrement la répartition inégale de l’emploi et du chômage en défaveur du « croissant pauvre », formé par les quartiers qui, de Saint-Gilles à Schaerbeek, se distribuent autour du canal. À titre indicatif, dans certains de ces quartiers, les taux d’inactivité et de chômage peuvent atteindre jusqu’à 50%. Les mêmes constats prévalent pour la formation et sa relation à l’emploi. Les habitants du croissant pauvre ne possédant que le certificat d’enseignement secondaire inférieur, ou diplômés du secondaire supérieur professionnel, connaissent respectivement des taux de plus de 35% et de 40% de chômage. L’absence de perspective des jeunes de ces quartiers doit devenir la priorité des politiques à mener en matière d’emploi, de formation et d’enseignement.
L’analyse de Christian Vandermotten confirme les hypothèses de travail de la Commission en même temps qu’elle apporte une connaissance plus fine et plus systématique des réalités bruxelloises.
Certes le Contrat pour l’économie et l’emploi à Bruxelles, signé par les partenaires sociaux, vise à réduire le chômage tout en développant les activités économiques de la Région, mais les disparités sociales et économiques au sein de la population bruxelloise, particulièrement en ce qui concerne les jeunes, appellent à une mobilisation plus importante de l’ensemble des acteurs concernés.
Anne-Françoise Theunissen - Présidente de la CCFEE de 2007 à 2012