Le 24 juin 2014, les membres de la CCFEE ont adopté un avis qui traite d’un des défis majeurs à Bruxelles : la lutte contre le décrochage scolaire.
Le décrochage scolaire est un phénomène qui est utilisé pour décrire des situations très différentes. On parle d’élèves décrocheurs pour parler de jeunes sous obligation scolaire qui ne sont plus inscrits dans un établissement scolaire.
L’abandon scolaire précoce est un concept défini au niveau européen. Il est utilisé essentiellement par rapport à son taux qui se mesure ainsi :
Proposition du groupe social européen largement soutenue par le Forum européen de la jeunesse.
Le 8 octobre 2013, la CCFEE examine l'Avant-projet d'Accord de coopération relatif à la mise en oeuvre d'un cadastre des parcours éducatifs et post-éducatifs, et exprime des recommandations.
La Fondation P&V lance un appel à projet visant à soutenir de multiples actions, mises en oeuvre en 2014, dans ces domaines.
A l’invitation de la représentation de la CE auprès de la Belgique s’est tenu le 24 octobre 2014 un séminaire sur le problème du décrochage scolaire en Belgique.
Le taux d’abandon scolaire précoce est très élevé dans certains territoires et/ou régions comme la région bruxelloise (18%) la province du Hainaut (18%) de Liège (17%)… De plus, on observe peu de diminution significative de ce taux sur les dernières années. (Présentation de la Commission européenne téléchargeable en bas de page + recommandations de la CE vers la Belgique). Trop de jeunes quittent le système scolaire chaque année sans aucun diplôme.
Cette journée s’est organisée comme suit :
• Rappel des objectifs et du contexte européens,
• Présentation des plans communautaires belges et
• Interventions d’experts européens
La Communauté Flamande et la Communauté Germanophone ont présenté leur stratégie intégrée de lutte contre le décrochage en reprenant les 3 types de mesures proposés dans la Recommandation européenne à savoir :
• Prévention
• Intervention
• Compensation
Éléments clefs du plan flamand (Présentation téléchargeable ci-dessous):
• Volet prévention (transmission des chiffres relatifs au décrochage aux écoles, mise en place de stratégies locales adaptées à la réalité de chaque école, site internet mis à disposition des écoles avec boite à outils..)
• Volet intervention : coaching par les paires, prises en charge personnalisée de groups d’élèves à risque
• Volet compensation (parcours qualifiant et certifiant proposé pour les jeunes qui ont quitté l’école sans diplôme, coopération entre emploi et formation sur cette question)
Actions transversales :
• Volet orientation (site internet avec information sur les parcours scolaires et sur les possibilités d'obtenir le CESS pour ceux qui ont décrochés)
• Volet valorisation de l'alternance (y arriver suite à un choix positif, renforcer les périodes d'apprentissage en entreprises, informer les jeunes au plus tôt sur le monde de l'entreprise)
• Une task force a été mise en place entre acteurs de l'enseignement et les interlocuteurs sociaux pour travailler sur la question des stages
• Actions spécifiques dans les villes (Gand, Anvers, Bruxelles)
• Volet monitoring et évaluation
Eléments clefs du plan germanophone (Présentation téléchargeable ci-dessous) :
• Plan sur la période 2014-2025
• Décret 2014 "les jeunes doivent tous avoir les mêmes droits à un enseignement de qualité quel que que soit leur situation socio-économique"
• Objectif de réduction des inégalités scolaires (soutien aux élèves défavorisés socialement, aide aux devoirs, gratuité de tous les coûts scolaires, remédiation personnalisée...)
• Objectif de développement de la qualité de l'enseignement
• Restructuration des centres PMS, accueil des parents, accompagnement des jeunes au-delà de 18 ans
• Volet évaluation
La Fédération Wallonie-Bruxelles a présenté une partie des initiatives et dispositifs mis en place en indiquant que l’option choisie jusque-là n’était pas un plan intégré mais une série de « solutions multiples » et d’actions spécifiques.
Eléments clefs du plan francophone (Présentation téléchargeable ci-dessous) :
• Développer des outils de connaissance du phénomène
• Développer les coopérations : mobilisation de acteurs intra et extra scolaires
• Améliorer le climat scolaire dans les écoles
• Développer des actions spécifiques : accueil des primo-arrivants / dispositif Décolâge / passerelles vers l'enseignement de promotion sociale / ...
• Soutenir les équipes éducatives
Les interventions d’experts se sont organisées en 4 workshops :
• Quel usage des données statistiques dans les politiques de lutte contre l’ASP?
• Quels partenariats?
• Le rôle de l’éducation préscolaire dans la prévention du décrochage
• Le rôle des pratiques pédagogiques et des enseignants
Les principaux messages délivrés par les experts européens ont été :
• Le levier d’action le plus efficient est la qualité de l'enseignement. "C'est la mission de l’enseignant et de l'école de s'intéresser et de s'adapter aux besoins de ses élèves et tous les aider à progresser" (affirmation convergente avec l’étude McKinsey consultable ici). Attention au risque de "sous-traitance" des élèves en difficulté.
• Impliquer les familles est essentiel
• Les écoles doivent être des lieux chaleureux, où les élèves se sentent bien, où le climat scolaire est respectueux de chacun
• Disposer de données "méta" sur la connaissance du phénomène est utile
• Disposer de données par école, voire par élèves décrocheurs, pour organiser une intervention n'est pas forcément le plus efficient. il vaut mieux fixer des objectifs aux écoles et aux équipes éducatives et les laisser construire leurs propres réponses au problème.
• Etude française du professeur Bernard très intéressante : le motif le plus largement évoqué par les jeunes (français) décrocheurs est le fait d'avoir besoin/envie de travailler et de gagner de l'argent. C’est un levier d’action intéresasnt dans le sens où il faut prendre en compte la situation socio-économique des élèves les plus fragilisés pour leur apporter des réponses adaptées
• La problématique des grandes villes est spécifique. Des actions spécifiques devraient y être proposées (cf. plan flamand avec actions ciblées sur Antwerp, Gent et Brussel)
Conclusion
C'est principalement à l'école, et aux équipe éducatives de relever le défi du décrochage (cf. avis 115 de la CCFEE).
Le décrochage scolaire d'un jeune est souvent correlé avec un environnement social précaire et un manque de confiance dans la capacité de son école à l'aider à répondre à ses attentes et à ses besoins. La question des inégalités sociales à l'école est cruciale. Y répondre et/ou apporter des garanties à ces jeunes pourraient donc avoir un impact important sur le fait qu'ils aillent au bout de leur scolarité.
Si vous souhaitez en savoir davantage sur cet évènement, vous pouvez retrouver toutes les présentations sur le site internet de la représentation de la Commission européenne aupès de la Belgique.